Les rouilles sont des maladies complexes causées par des champignons qui sont des parasites obligatoires. Elles sont autoïques ou hétéroïques et généralement spécifiques à leur hôte et à leur famille. Dans sa forme la plus complexe, les rouilles ont cinq types de spores (spermatie, écidiospore, urédospore, téliospore et basidiospore).

La rouille-balai de sorcière est une rouille hétéroïque. Elle a besoin de deux hôtes pour compléter son cycle. Le champignon fait une partie de son cycle sur le sapin baumier (Abies balsamea) et l'autre sur le bleuetier. Elle affecte le bleuet en corymbe et le bleuet nain ainsi que les autres espèces de Vaccinium. La rouille-balai de sorcière est une maladie occasionnelle et mineure. Elle tue rarement le plant, mais celui-ci produira des « balais de sorcière » durant de nombreuses années, devenant une source d’inoculum pour d'autres plants. La maladie est observée de manière éparse dans les bleuetières.

Feuille : sur les tiges infectées, présence de petites feuilles jaunâtres ou rougeâtres. Les feuilles brunissent puis sèchent.
 
Tige : présence de plusieurs tiges renflées aux entrenoeuds courts formant un balai. En début de saison, les jeunes tiges sont jaunâtres et recouvertes d’un épiderme liégeux et épais qui devient brunâtre avec l’âge. Ces tiges deviennent brunes, sèches et cassantes.
 
Plant : si fortement infesté, aucune production de fruit.

La rouille-balai de sorcières peut être confondue avec des maladies à phytoplasme.

Le champignon hiverne sous forme de télies sur les tiges infectées de bleuet en corymbe. Au printemps, de la mi-mai à la fin juin, les télies matures éjectent des téliospores qui germent et forment des basides et des basidiospores qui vont infecter les aiguilles du sapin baumier. Des pycnies se développent sur les aiguilles et forment, au début de l’été, des écidies. Ces écidies libèrent des écidiospores qui sont transportées par le vent sur le bleuet en corymbe. Du milieu de l’été jusqu’à la fin de l’été, le champignon pénètre sur les feuilles et les tiges de bleuet en corymbe et stimule la production de bourgeons latéraux ce qui conduit à la formation de « balais de sorcière ». Aucune urédospore n'est produite, mais à l’automne, des télies contenant des téliospores sont formées sur les « balais de sorcière » du bleuetier et y passent l’hiver, complétant le cycle de la maladie. Les « balais de sorcière » commencent leur développement l’année suivant l’infection des tiges et persistent plusieurs années, produisant toujours de nouvelles pousses chaque printemps. Les symptômes sont visibles surtout au printemps ou à l’automne quand les arbustes sont sans feuille. Les symptômes sur le bleuet peuvent être observés jusqu’à 460 m des sapins.

Pour contrôler la rouille-balai de sorcière, il faut implanter les bleuetières loin des sapins. Quelques cultivars sont moins sensibles (Rancocas). Arracher les plants atteints n’élimine pas la maladie puisque l’agent pathogène survit dans le collet et les racines des plants infectés.

Caruso F. L. & Ramsdell D. C. (Eds) (1995). Witches’-Broom. Dans Compendium of Blueberry and Cranberry Diseases. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 26-27.
 
Lambert L., Laplante G. H., Carisse O. & Vincent C. (2007). Rouille-balai de sorcière du bleuet en corymbe. Dans Guide de maladies, ravageurs et organismes bénéfiques du fraisier, du framboisier et du bleuetier. CRAAQ (Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec). p. 219-220.

http://www.agrireseau.qc.ca/lab/documents/Rouille%20du%20bleuet.pdf