La livrée des forêts produit une génération par année. Cette espèce hiberne au stade de très jeune larve, à l’intérieur de la masse d’œufs pondue durant l’été précédent. Au printemps, les larves sortent de la masse d’œufs et commencent à s’alimenter des bourgeons et des jeunes feuilles de leurs plantes hôtes. Les jeunes larves sont grégaires et s’alimentent très près les unes des autres. Elles vont cependant se disperser et s’alimenter de façon solitaire au fur et à mesure qu’elles maturent. Cinq stades larvaires doivent être traversés, sur une période d’environ cinq à six semaines, avant d’atteindre la maturité. Les larves vont ensuite tisser un cocon de soie jaunâtre dans lequel elles se transforment en chrysalide. Les cocons peuvent être tissés sur une grande diversité de substrats. On les retrouve notamment sur l’écorce des arbres, sur les murs extérieurs d’habitations humaines et plus fréquemment enroulés dans une feuille. Après une dizaine de jours, les adultes émergent de leur chrysalide. Les adultes sont généralement observés de la fin du mois de juin jusqu’au mois d’août. Après l’accouplement, les femelles pondent leurs masses d’œufs (150 à 350 œufs), ayant la forme d’une bague gris foncé, autour des jeunes rameaux présents dans le tiers supérieur des arbres servant de plante hôte. Les masses sont recouvertes d’une substance, nommée spumaline, servant à diminuer l’assèchement des œufs ainsi qu’à limiter le parasitisme de la part de petites guêpes parasitoïdes. Après environ trois semaines, les larves sont assez matures pour sortir de l’œuf, mais vont plutôt y rester pour passer l’hiver.

Malacosoma disstria est un important défoliateur de plusieurs espèces d’arbres et d’arbustes. Cette espèce n’est cependant pas considérée comme étant un ravageur agricole d’importance puisque les plantes cultivées, à l’exception des arbres utilisés en horticulture ornementale, ne font pas partie de ses hôtes préférés. Au Québec, ses hôtes principaux sont le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides), le bouleau blanc (Betula papyrifera), les saules (Salix spp.), les chênes (Quercus spp.) et l’érable à sucre (Acer saccharum). Les cultures qui sont les plus fréquemment attaquées sont les arbres fruitiers tels que les pommiers, les cerisiers et les poiriers.

La livrée des forêts cause des infestations cycliques environ aux dix ans. Les infestations durent généralement de deux à trois ans. Lors de ces épidémies, des forêts entières peuvent être défoliées. Bien que la défoliation puisse être complète pour certains arbres, il est rare que celle-ci cause la mort de la plante hôte. On observe cependant que les arbres lourdement affectés ont une croissance moins rapide ainsi qu’une plus grande vulnérabilité aux ravageurs secondaires. C’est aussi lors de très fortes infestations que certaines cultures légumières et fruitières vont servir d’hôtes à M. disstria.

Contrairement à ce que son nom anglais (Forest tent caterpillar) laisse croire, cette espèce ne construit pas de tente au stade larvaire.

Martineau R. (1985). Insectes nuisibles des forêts de l'Est du Canada. Service Canadien des forêts, Marcel Broquet inc., Ottawa, Ontario, 283 pp.

Wagner D. L. (2005). Caterpillars of eastern North America. Princeton University Press, Princeton, 496 pp.

https://www.mffp.gouv.qc.ca/forets/fimaq/insectes/fimaq-insectes-insectes-livree.jsp

http://entnemdept.ufl.edu/creatures/trees/forest_tent_caterpillar.htm

http://www.na.fs.fed.us/spfo/pubs/fidls/ftc/tentcat.htm