La matricaire inodore est une plante bisannuelle ou vivace de courte durée, introduite d’Europe. Il s’agit d’une plante glabre et inodore pouvant former de larges touffes et une floraison abondante. La tige a un port ascendant à dressé et peut atteindre 80 cm de hauteur. Elle est de couleur vert foncé, parfois rougeâtre ou striée de rouge. Le système racinaire se compose de racines denses, largement ramifiées et fibreuses.

Les feuilles sont glabres, celles de la base forment une rosette. Elles sont profondément découpées en plusieurs segments allongés à linéaires avec une pointe acuminée. Le limbe mesure de 2 à 8 cm de longueur et de 1,5 à 5 cm de largeur. Les segments allongés mesurent de 0,4 à 2 cm de longueur et de 0,5 à 0,7 mm de largeur.

Les fleurs sont composées de 20 à 30 fleurons ligulés blancs en périphérie du capitule et de 275 à 550 fleurons tubulés jaunes formant un dôme bombé au centre du capitule. Les fleurons ligulés mesurent de 12 à 16 mm de longueur et de 2,5 à 3,5 mm de largeur. Les fleurons tubulés mesurent de 2 à 2,5 mm de longueur et de 0,3 à 0,4 mm de largeur. Il n’y a pas de bractées associées aux fleurons. Les capitules mesurent en moyenne 4 cm de diamètre. Sous la fleur, les bractées involucrales sont de couleur vert foncé avec une marge brunâtre. Elles sont de forme oblongue à triangulaire et mesurent de 0,1 à 0,2 mm de largeur.

Le fruit est un akène mesurant de 2 à 2,5 mm de longueur et de 1 à 1,5 mm de largeur. Il est brun foncé, généralement lustré et de forme rectangulaire.

La plantule est à rosette, les 2 premières feuilles sont opposées et les suivantes sont alternes. Les cotylédons sont de forme orbiculaire à oblongue et mesurent de 3 à 3,5 mm de longueur. Ils sont verts, glabres et ne sont pas pétiolés. Les premières feuilles sont profondément découpées en 4 à 5 segments. Les suivantes sont semblables aux feuilles matures.

La matricaire inodore peut être confondue avec la marguerite blanche (Leucanthemum vulgare)  et la matricaire odorante (Matricaria discoidea). La marguerite blanche possède des fleurs qui ressemblent beaucoup à celles de la matricaire inodore. Toutefois, ses feuilles sont entières, de forme obovée et à marge irrégulièrement dentée. La matricaire odorante, au stade végétatif, se distingue par ses feuilles de plus petite taille. À l’inflorescence, elle se distingue par ses fleurs de plus petite taille qui ne présentent pas de fleurons tubulés. Lorsque froissée, la matricaire odorante dégage une odeur qui ressemble celle d’un ananas.

La matricaire inodore est une mauvaise herbe retrouvée au bord des routes, dans les lieux incultes, les pâturages et les champs en cultures pérennes (fraises, bleuets, vignes). Les lieux fréquemment perturbés sont favorables à son établissement. Elle est indifférente au type de sol, préfère le plein soleil et prospère dans des conditions de travail minimal de sol. Il s'agit d'une plante très résistante, elle tolère bien le gel et la sécheresse.

Pour prévenir l’établissement de la matricaire inodore :

1. Dépister les pâturages et le bord des champs.
2. Tondre les plants avant la production de fleurs pour empêcher la propagation par les graines.
3. Semer des plantes qui offrent une forte concurrence aux mauvaises herbes. Par exemple, les cultures intercalaires, les engrais verts et les céréales d’automne.
4. À la suite du travail dans des champs infestés, nettoyer les équipements pour éviter de disperser les graines.

Pour réprimer les populations de matricaire inodore :

1. Lorsque les populations sont faibles, arracher les plants à la main en prenant soin de ne pas les laisser au sol, car ils survivent longtemps lorsqu’ils ont été déracinés.
2. Un travail du sol en profondeur effectué tard l’automne et tôt au printemps détruit les rosettes.
3. Un travail du sol superficiel effectué à plusieurs reprises aide à diminuer la banque de semences puisqu’il stimule la germination des graines et détruit les plantules.
4. Pour éviter l’expansion des colonies, travailler le sol des parties infestées en dernier.

Un plant de matricaire inodore produit plus de 10 000 graines qui demeurent viables dans le sol au moins 15 ans.

Bouchard C. J., Néron R. & Guay L. (1998). Guide d’identification des mauvaises herbes du Québec. Conseil des productions végétales du Québec, Québec. 253 pp.

Kay Q. O. N. (1994). Tripleurospermum inodorum (L.) Schultz Bip. Journal of Ecology. 82(3): 681-697.
 
Woo S. I. et al. (1991). The Biology of Canadian Weeds. 99. Matricaria perforata Merat (Asteraceae). Canadian Journal of Plant Science. 71(4): 1101-1119.
 
Alaska Natural Heritage Program
http://accs.uaa.alaska.edu/files/invasive-species/Tripleurospermum_inodorum_BIO_TRIN11.pdf