La fougère-aigle est une espèce vivace, indigène en Amérique du Nord. Elle est dépourvue de tige. Le système racinaire est composé de longs rhizomes qui sont enfouis profondément dans le sol. Ils sont ramifiés à plusieurs reprises et mesurent jusqu’à 2,5 cm de diamètre.

Les frondes (feuilles) sont de forme triangulaire ou deltoïde et mesurent de 30 à 100 cm de longueur.  Elles sont divisées en 3 parties principales. Chaque partie mesure de 7 à 50 cm de longueur et est divisée à nouveau de façon bipennatiséquée. Les segments ultimes sont de forme oblongue à linéaire et ont une marge sinuée ou lobée. La face inférieure du limbe est couverte de poils fins. Les frondes sont portées par un stipe (pétiole) dressé qui mesure de 30 à 100 cm de longueur et jusqu’à 1 cm de diamètre. Il est pubescent au bas et glabre vers le haut.

Les jeunes frondes en développement sont couvertes de poils orangés et ont la forme des serres d’un oiseau de proie.

Les spores sont contenues dans les sporanges qui forment une ligne continue en bordure de la face inférieure du limbe. La marge supérieure du limbe est enroulée vers la face inférieure et recouvre les sporanges. Les spores sont de couleur brun foncé et mesurent de 25 à 40 µm de longueur. Ils génèrent le prothalle qui représente la phase sexuée de la plante. Ce dernier est petit, vert, aplati au sol et de forme cordée.

La fougère-aigle est une espèce retrouvée dans les milieux ouverts et les endroits perturbés ayant un sol sec ou légèrement humide. Elle peut envahir les pâturages ainsi que les champs abandonnés et causer des pertes de rendement dans les cultures de bleuets nains. Elle croît au plein soleil ou à l’ombre partielle et préfère les sols bien drainés. La plante persiste dans une large gamme de conditions climatiques.

La fougère-aigle est difficile à contrôler et à éradiquer complètement des champs en raison de son système racinaire profond qui produit de nouvelles pousses. Pour diminuer les populations, un programme de lutte à long terme qui combine différentes méthodes de contrôle doit être mis en place. Par exemple :

• La coupe des parties aériennes de 1 à 3 fois par année et pendant plusieurs années réduit la vigueur de la plante. Elle devrait être effectuée tôt l’été, avant l’expansion maximale des frondes pour épuiser les réserves dans les rhizomes.
• Le semis de plantes fourragères compétitives réduit fortement les populations après 4 ou 5 ans.
• Le travail du sol coupe les rhizomes et peut nuire à la croissance de la plante s’il est effectué à plusieurs reprises pendant plusieurs années. Lorsqu’il est effectué à une seule reprise, il peut stimuler la croissance des frondes.

La fougère-aigle se reproduit à l’aide de nombreuses spores présentes sous les frondes. Elles sont dispersées par le vent et peuvent demeurer viables jusqu’à 10 ans dans le sol. Toutefois, les spores ne représentent pas le mode de dispersion principal de la plante et peu d’information est disponible sur la germination de ces spores au Canada. Cette espèce se disperse surtout à l’aide de ses rhizomes.

Bond W., Davies G. & Turner R. (2007). The Biology and non-chemical Control of Bracken (Pteridium aquilinum (L.)) Kuhn. HDRA- Ryton Organic Gardens, Coventry. 13 pp.

Cody W. J. & Crompton C. W. (1975). The Biology of Canadian Weeds. 15. Pteridium aquilinum (L.) Kuhn. Canadian Journal of Plant Science. 55(4): 1059-1072.

Desjardins È.-C. & Néron R. (2010). Guide d’identification, alliés et ennemis du bleuet nain. Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ), Québec. 283 pp.

Gagnon S. (2010). La production du bleuet sauvage dans une perspective de développement durable. 8.4. La grande fougère. Syndicat des producteurs de bleuet du Québec. 2 pp.

Center for Agriculture and Bioscience International
https://www.cabi.org/isc/datasheet/45596

Flora of North America
http://www.efloras.org/florataxon.aspx?flora_id=1&taxon_id=200003325

Illustrated flora of British Columbia
http://linnet.geog.ubc.ca/Atlas/Atlas.aspx?sciname=Pteridium%20aquilinum