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Les feuilles de plants de fraisier (cv 'Seascape') montrent un jaunissement à blanchiment du limbe. Le jaunissement débute à la marge et progresse sur le limbe. Sur les feuilles blanchies, la marge est brune. Les plants sont faiblement développés pour la période de production (juin). Les tests de laboratoire (PCR) se sont avérés négatifs pour la détection des virus du fraisier (SMoV, SMYEV, SCrV, SVBV).
Le dosage chimique effectué a révélé la présence de plusieurs herbicides dans les plants, dont certains homologués dans la culture du fraisier. La mésotrione a aussi été retrouvée. Cet herbicide cause des décolorations jaunes à blanches sur le feuillage, ainsi qu’une nécrose des tissus, symptômes typiques de ceux observés sur les plants. Il est d'ailleurs mentionné sur l'étiquette du produit que, même à de très faibles concentrations, des cultures y sont sensibles. L’atrazine (de la famille des triazines) et son métabolite de décomposition (le déséthyl-atrazine) ont été détectés ainsi que la propazine (de la famille des triazines également), laquelle peut entrer dans les formulations d'atrazine.Tous ces produits peuvent provoquer un jaunissement des feuilles et nuire à la croissance des plantes.
Le conseiller agricole mentionne que les plants de fraisiers ont montré des symptômes 2 à 3 semaines après la plantation. Il spécifie que la fraisière a été implantée près d’un champ qui était cultivé en maïs l’année précédente et traité à la mésotrione (Callisto).
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Les herbicides du groupe 27 sont des inhibiteurs de pigments. Ils sont communément appelés «bleachers» (javelisants) car ils causent une perte de coloration (ou absence de pigmentation). Les tissus des plantes atteintes pâlissent, deviennent blancs ou translucides. Plus précisément, ils affectent le cytoplasme des chloroplastes et inhibent l'enzyme p-hydroxyphényl pyruvate dioxygénase (HPPD), laquelle intervient dans la synthèse des plastoquinones. Ces herbicides incluent les familles des isoxazoles (ex.: Converge, etc.), des pyrazoles (ex.: Impact), des Pyrazolones (ex.: Armezon, etc.) et des tricétones (ex.: Callisto, etc.). Ces herbicides ont une action systémique. Suite à leur application, les espèces sensibles peuvent réussir à émerger, mais les plantules blanchies ne tardent pas à mourir. Les symptômes sont visibles 3 à 5 jours après une application de ce groupe de produit. Des pertes de rendement sont possibles lorsque les tissus sont fortement affectés.
Cas mésotrione - La mésotrione appartient à la famille des tricétones. Elle est homologuée dans la culture du maïs, du lin, de la canneberge, de l'asperge, du bleuet, de la rhubarbe, du millet, du sorgho et du gazon en plaques, afin de lutter contre les mauvaises herbes à feuilles larges. Cet herbicide est appliqué soit en prélevée ou en postlevée de la culture. En prélevée, la mésotrione est absorbée par les semences ou les plantes en émergence et transportée dans la plante via le xylème et le phloème. En postlevée, elle est absorbée par la tige ou les racines. Elle possède une action à large spectre sur les mauvaises herbes déjà levées mais aussi une action rémanente. Typiquement, les plantes sensibles à la mésotrione présentent un blanchiment (ou un jaunissement) internervaire, suivi d’une nécrose des tissus.
La mésotrione est faiblement à modérément persistante dans les sols où elle est biodégradée, par les microorganismes, et plus rapidement en conditions anaérobies qu’aérobies. Son potentiel de lessivage est élevé, indiquant qu'elle est susceptible de contaminer l'eau souterraine par lixiviation.
Aux États-Unis, des populations d’
amarante tuberculée (
Amaranthus tuberculatus) et d’
amarante de Palmer (
Amaranthus palmeri) ont développé de la résistance au groupe 27, dont à la mésotrione. La résistance des mauvaises herbes aux herbicides du groupe 27 n’a été rapportée ni au Canada, ni au Québec.
En général, la phytotoxicité par la mésotrione peut être confondue avec celle associée à un autre produit phytosanitaire (ex. : atrazine).
Pour diminuer les risques de phytotoxicité, il faut éviter les dérives sur les cultures lors de l’application, utiliser des jets dirigés au besoin, ne pas appliquer par temps venteux, respecter les consignes inscrites sur l’étiquette et bien nettoyer le pulvérisateur.