Les herbicides du groupe 2 regroupent des produits inhibiteurs d’une enzyme, l'acétolactate synthase (ALS) ou acétohydroxyacide synthase (AHAS), impliquée dans la synthèse de trois acides aminés essentiels (valine, isoleucine et leucine). Les herbicides de ce groupe se répartissent en quelques familles, soient : les imidazolinones (ex.: imazéthapyr, imazamox, etc.); les sulfonylurées (ex.: chlorimuron-éthyle, nicosulfuron, etc.); les sulfonylamino carbonyl triazolinones (ex.: thiencarbazone, etc.); les sulfonanilides ou triazolopyrimidines (TPS) (ex.: cloransulam, flumetsulam, etc.) et les acides pyrimidyl(thio) benzoates (ex.: pyrithiobac, etc.). Les herbicides de ce groupe peuvent avoir une activité foliaire ou être appliqués directement au sol. Ils sont transportés dans le phloème et dans le xylème. Les plantes sensibles arrêtent leur croissance dans les heures suivant l’application de ces herbicides. Les symptômes de phytotoxicité apparaissent dans les une à trois semaines suivant l’application foliaire ou suite à l’activité résiduelle (rémanence) des herbicides dans le sol.
En sol humide, les herbicides du groupe 2 sont plus facilement décomposés et absorbés par les plantes. La rémanence est plus grande dans les sols à pH faible. L'activité microbienne et la dégradation augmentent de pair avec le pH du sol. La vitesse de dégradation augmente dans les sols à pH élevé parce que le produit chimique n'est pas adsorbé sur les particules de sol; il est donc assimilable par la plante et livré à la dégradation par les microbes.
Dans le monde, des populations de plus de 165 espèces de mauvaises herbes (dicotylédones et graminées confondues) ont déjà montré une résistance aux herbicides du groupe 2. C’est le groupe d’herbicides pour lequel on retrouve actuellement le plus de populations de mauvaises herbes résistantes. Aux États-Unis, la résistance a touché plus de 48 espèces de mauvaises herbes alors qu’il y en a plus de 27, au Canada.
Cas Imazéthapyr : il s'agit d'un herbicide utilisé pour réprimer les graminées et les feuilles larges dans la culture des légumineuses, du canola et du maïs. Il n’est pas homologué dans la culture de la fraise.Il peut être appliqué en présemis, prélevée ou postlevée. Il contrôle les feuilles larges et les graminées annuelles. Les symptômes typiques de phytotoxicité (coloration pourpre ou jaunissement, atrophie des racines, nanisme, etc.) peuvent n’apparaître qu’une à trois semaines suivant l’application, selon les conditions de croissance et la vulnérabilité des espèces présentes.
Plus de 20 espèces de mauvaises herbes ont montré de la résistance à l'imazéthapyr aux États-Unis. Disséminées au Canada, on retrouve
la moutarde des champs (
Sinapis arvensis), la
bourse-à-pasteur (
Capsella bursa-pastoris), le
tabouret des champs (
Thlapis arvense), la
sétaire verte (
Setaria veridis), la
renouée à feuilles de patience (
Polygonum lapathifolium), le
gaillet mollugine (
Galium spurium), et plus particulièrement au Québec, l’
amarante tuberculée (
Amaranthus tuberculatus), l’
amarante de Powell (
Amaranthus powellii), l’
amarante à racine rouge (
Amaranthus retroflexus), la
sétaire géante (
Setaria faberi), la
morelle noire de l’Est (
Solanum ptychantum), la
petite herbe-à-poux (
Ambrosia artemisiifolia) ainsi que le
chénopode blanc (
Chenopodium album) qui ont montré de la résistance à l’imazéthapyr.
La phytotoxicité par l’imazéthapyr peut être confondue avec une carence minérale, les phytoplasmes (jaunisse de l’aster, pétale vert), une phytotoxicité par un herbicide des groupes 5 (
terbacil) ou 9 (
glyphosate).
Pour diminuer les risques de phytotoxicité, il faut éviter les dérives sur les cultures lors de l’application, utiliser des jets dirigés au besoin, ne pas appliquer par temps venteux, respecter les consignes inscrites sur l’étiquette et bien nettoyer le pulvérisateur. À cause de la rémanence de l’imazéthapyr, les cultures qui peuvent succéder à un traitement à cet herbicide sont le blé de printemps, le blé d’hiver, le haricot (commun, sec, de Lima, et adzuki), le maïs de grandes cultures ou tolérant à l’imazéthapyr, l’orge de printemps, le pois de transformation et le soya.
Scalla, R. et coll. (1991). Les herbicides : mode d’action et principes d’utilisation. Paris : Institut national de la recherche agronomique INRA (Éditeur). Collection : du labo au terrain. Paris, France. 450 pp.
Shaner D.L. (Ed) (2014).
Imazethpyr. Dans
Herbicide handbook. 10
e éd. Weed science society of America, Lawrence, Kansas. p. 262-263.
http://weedscience.org/Summary/ResistbyActive.aspx