La mesure de la conductivité électrique (CE) d’un sol détermine la concentration globale en minéraux d’une solution en mesurant sa capacité à transmettre un courant électrique. Plus la solution est riche en engrais, plus le courant électrique est élevé. Dans une telle situation, les racines compétitionnent avec le sol pour l'obtention de l'eau. Les premiers dommages se remarquent à la marge des feuilles où se retrouvent les hydatodes, c.-à-d. la fin des vaisseaux conducteurs. L'excès de sels minéraux y est secrété et s'accumule à ces endroits, ce qui cause des brûlures. Il est important de se rappeler que la partie active de la racine pour l'absorption de l'eau se situe à l'extrémité de la racine. Lorsqu’elles sont affectées, le système racinaire est moins fonctionnel pour l'absorption de l'eau, ce qui induit un dessèchement de la marge des feuilles.
 
Le fraisier est très sensible aux excès de sels, particulièrement envers le sodium et les chlorures. Les jeunes plants sont plus affectés que les plants âgés, car leur système racinaire est superficiel et moins développé. Les rendements peuvent diminuer. Une salinité élevée est occasionnelle mais peut être sévère. Les plants affectés sont distribués de manière éparse.

Feuille : anomalies de coloration (rougissement, brunissement, couleur rouille) à la marge. Présence d'une brûlure marginale et apicale.
 
Fleur : avortement potentiel.
 
Fruit : diminution du calibre.
 
Racine : faible développement, brunissement à noircissement des racines et des radicelles. Les racines sont plus épaisses.
 
Plant et stolon : retard de croissance, diminution de la vigueur, flétrissement puis mortalité. Les stolons ont de la difficulté à s’enraciner par manque de racines.

Une salinité élevée peut être confondue avec une sécheresse (toute la feuille est affectée, pas seulement la marge), un excès d’eau (plants localisés dans les baissières), la guttation (localisé au champ, racines saines), une carence en potassium (rougissement sur les deux faces et progression entre les nervures) ou en azote (sur vieilles feuilles surtout et progression entre les nervures).

Les dommages causés par un sol trop salin résultent majoritairement d’une fertilisation excessive des plantes (application fréquente ou en excès). Des niveaux élevés de fertilisants font augmenter le potentiel osmotique du sol et diminuent l’absorption en eau et en sels dissous par les racines même si le substrat est saturé d’eau, ce qui provoque une accumulation de sels dans le substrat. Les symptômes se manifestent sur les plants malades ou stressés, les jeunes plants, dans les sols gorgés d’eau, asphyxiants, compactés ou mal drainés, lors d’été chaud et sec, lorsque l’irrigation et/ou la fertigation sont insuffisantes ou que les engrais, fumiers ou composts sont appliqués trop près des racines. L’eau d’irrigation est parfois une source de problème, car elle contient naturellement des sels qui peuvent s’accumuler dans le sol avec le temps.

Pour prévenir un excès de sels dans le sol, il faut avoir une bonne régie de culture qui favorise le développement de plantes en santé, une fertilisation ajustée, favoriser le fractionnement des engrais, augmenter la teneur en matière organique du sol, éviter les sols mal drainés, lourds, compactés ou les baissières et assurer une irrigation ou une fertigation suffisante permettant un lessivage du sol à chaque fois pour éliminer les sels accumulés. Il est conseillé de faire analyser son eau.

Lambert L. (2007). Salinité élevée. Dans Guide des carences, désordres et problèmes de phytotoxicité du fraisier, du framboisier et du bleuetier. CRAAQ (Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec). p. 67-68.
 
Maas, J. L. (Eds) (1998). Soil Salinity. Dans Compendium of Strawberry Diseases. 2e éd. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 11.