Le calcium joue son principal rôle à l’extérieur des cellules. Il sert à créer des liens entre les parois des cellules en les cimentant les unes aux autres. Un manque de calcium implique une perte de cohésion entre les cellules, qui se traduit par une brûlure de l’apex ou de la marge des jeunes feuilles. Dans la plante, le calcium est relativement immobile et véhiculé par l’eau lors de l’évapotranspiration. Les racines, les feuilles médianes et basales contiennent davantage de calcium, comparativement aux jeunes feuilles et aux fruits, car ils transpirent plus. L’évapotranspiration des nouvelles feuilles est moindre et ces tissus se trouvent à l’endroit où les symptômes de carences en calcium se manifestent en premier.
 
Cette carence est souvent induite par une croissance trop rapide des plants, laquelle ne permet pas au calcium d’atteindre les tissus en croissance active. Elle n’est donc pas causée par une carence en calcium dans le sol. La carence en calcium est fréquente et mineure chez le fraisier. Elle affecte également les solanacées (tomate, poivron, aubergine), les crucifères, les cucurbitacées, le céleri, la laitue, le pommier et quelques plantes ornementales (poinsettia, rudbeckie). Chez le fraisier, la brûlure de la pointe porte souvent l’appellation de  'tip burn'. Les jeunes feuilles des stolons sont particulièrement sensibles.

Feuille : présence d’une brûlure de l’apex ou de la marge des jeunes feuilles encore enroulées. Avec l’expansion foliaire, des malformations et du gaufrage apparaissent sur les feuilles affectées. Les feuilles prennent parfois la forme d’un cœur. Mort des points de croissance axillaire. Brunissement potentiel du pétiole. Envahissement possible des tissus blessés par des bactéries secondaires.
 
Fleur : les sépales brunissent et sèchent à leur extrémité.
 
Fruit : les dommages apparaissent à l’apex. Ils se caractérisent par une lésion affaissée brune ou noire. Les akènes se développent densément en plaques ou sur la totalité du fruit. Les fruits sont mous.
 
Racine : sont courtes, plus épaisses et brunes.

La carence en calcium sur les feuilles peut être facilement confondue avec la carence en bore, une phytotoxicité causée par certains herbicides (dicamba, phénoxy) et des dégâts du tarsonème du fraisier (Phytonemus pallidus – absence de la brûlure de la pointe des jeunes feuilles, insectes visibles). Dans les deux premiers cas, la partie terminale des jeunes feuilles est déformée ou brûlée. Les symptômes sont très similaires.
 
Sur les sépales des fleurs, la carence en calcium peut être confondue avec une phytotoxicité causée par certains herbicides, la moisissure grise (Botrytis cinerea – duvet grisâtre), la tache angulaire (Xanthomonas fragariae), la tache commune (Mycosphaerella fragariae) et la tache pourpre (Diplocarpon earlianum). Dans le cas des taches, la partie terminale des jeunes feuilles n’est pas déformée ou brûlée.
 
Sur les fruits, la carence en calcium peut être confondue avec des dégâts de punaise terne (Lygus lineolaris - insectes visibles), une mauvaise pollinisation et du gel printanier. Dans tous les cas, la partie terminale des jeunes feuilles n’est pas brûlée et les akènes sont petits.

Les carences en calcium sont fréquentes lorsque la croissance des plants est rapide, dans les sols secs (sécheresse) ou qui subissent une grande fluctuation dans l’approvisionnement en eau (temps très chaud suivi de pluie abondante), acide (restreint également l’absorption en calcium à cause de la compétition avec l’aluminium), sableux (facilement lessivables), avec une salinité élevée (diminue absorption de l’eau) ou un excès d’azote (NH₄), de potassium (K), de magnésium (Mg) ou de sodium (Na) dans la solution du sol. Elle survient également lorsque la température du sol est basse ou que l’humidité relative est élevée. Comme le calcium est uniquement absorbé par l’extrémité des jeunes racines, tout facteur créant une altération à cette partie racinaire nuit à l’absorption du calcium.

Pour prévenir la carence en calcium, il faut assurer une croissance régulière des plants en maintenant une bonne humidité du sol (irrigation, paillis plastique), une fertilisation équilibrée (azote sous forme de nitrate (NO₃), un rapport phosphore/potassium de 1 : 1), un espacement plus serré entre les plants et récolter dès que la maturité des plantes est atteinte. Éviter les dommages aux racines et tous les facteurs environnementaux qui accélèrent la croissance des plantes.

Lambert L. (2007). Calcium. Dans Guide des carences, désordres et problèmes de phytotoxicité du fraisier, du framboisier et du bleuetier. CRAAQ (Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec). p. 14-16.
 
Maas J. L. (Ed) (1998). Calcium. Dans Compendium of Strawberry Diseases. 2e éd. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 13.

https://www.agrireseau.net/lab/documents/Nutrition%20en%20calcium.pdf

http://www.omafra.gov.on.ca/IPM/french/strawberries/diseases-and-disorders/calcium-deficiency.html