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Lorsque comparée à une grappe de vigne saine (cépage Vandal-Cliche), la grappe d’une vigne affectée est plus petite et clairsemée. Ses fruits sont de plus petit calibre, moins nombreux et de maturité inégale. Les tests de laboratoire ont révélé la présence du virus de la tache annulaire de la tomate (ToRSV).
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Généralités
Le virus de la tache annulaire de la tomate (ToRSV) est originaire d’Amérique du Nord et endémique à ce territoire (1). Il a été détecté pour la première fois au Québec en 2017 sur les cépages Frontenac, Vidal et Vandal-Cliche (2, 3). Avec le virus de la tache annulaire du tabac (TRSV), il cause ce qu’on nomme le déclin des vignes induit par des virus (virus induced grapevine decline). Il affecte particulièrement certains cépages nobles de Vitis vinifera (Chardonnay, Mission et Riesling) ainsi que différents hybrides (Baco Noir, Cascade, Chelois, DeChaunac, Dutchess, Ventura, Siegfriedrebe, Vidal Blanc, Vincent, Frontenac, etc.) (2). En plus d’infecter la vigne, ce virus a été recensé sur plus de 35 familles de plantes à travers le monde. Il affecte surtout les cultures maraichères et fruitières, les plantes ornementales (ligneuses et herbacées) et certaines mauvaises herbes, dont le pissenlit. Dans la culture de la vigne, ce virus entraîne le dépérissement des plants et une baisse subséquente de leur productivité, principalement par une réduction du calibre des fruits. Il s’agit d’un nepovirus, soit un virus transmis par un nématode ; les principaux vecteurs sont les espèces de nématode du genre Xiphinema , aussi appelés nématodes à dague (dagger nematode).
Le genre Xiphinema regroupe des espèces de nématodes ectoparasites qui transmettent le virus lorsqu’ils se nourrissent de la paroi cellulaire des racines, à l’aide de leur stylet. Ils se déplacent très lentement dans le sol grâce aux films d’eau, ce qui explique la présence de symptômes en petits foyers localisés ; une information pertinente pour le diagnostic au champ. En effet, les nématodes phytopathogènes n’ont généralement pas une distribution uniforme dans un champ ; les plants affectés seront distribués de manière éparse (4).
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Symptômes
Les symptômes du ToRSV ne sont pas toujours apparents, surtout lors de la première année d’infection. Sa présence peut tout de même affecter la vigueur des plants (5). Les symptômes sont variables en fonction des régions. En général, ils sont plus importants dans les régions nordiques et s’observent sur le plant entier (feuilles, tiges et fruits). Dans les régions plus au Sud, les plants sont moins affectés et on observe surtout une diminution du calibre des fruits. Ce dernier symptôme demeure commun d’une région à l’autre et se traduit par des pertes de rendement (6).
Plante entière : Perte de vigueur des plants, plants plus petits et rabougris. Ces symptômes se manifestent généralement à partir de la deuxième ou la troisième année d’infection. À la troisième année, les nouvelles pousses sont souvent très rabougries et se limitent aux drageons se trouvant à la base du plant et qui sont moins affectés par le froid. Ces plants peuvent survivre plus de trois ans, mais demeurent peu productifs (6).
Tige : Présence d’entre-nœuds courts. Un phloème épaissi et spongieux avec présence de nécroses peut parfois être observé sous l’écorce de la tige ou du tronc (2, 7).
Feuille : Anomalies de coloration sur le feuillage : mosaïque, marbrure, feuilles de chêne, chloroses ou taches en forme d’anneaux. Ces symptômes apparaissent généralement dans la première année de l’infection sur des pousses isolées de plantes d’apparence saine. Ces symptômes ne sont pas nécessairement présents durant toute la saison, ce qui rend difficile la détection du virus. Au Québec, ces symptômes ne semblent pas avoir été observés. Après la première année d’infection, les pousses affectées peuvent produire des feuilles plus petites et malformées (2, 6).
Fruit : Grappes naines et clairsemées. On peut observer un retard dans le débourrement et la maturité des fruits ainsi qu’une maturité inégale. Diminution du calibre des fruits (2, 6).
Bourgeon : Lorsqu’infectés par le virus, les bourgeons deviennent plus sensibles aux températures hivernales basses et peuvent donc être tués ou endommagés durant l’hiver. Les bourgeons survivants produisent des pousses rabougries et à croissance faible (2).
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Ne pas confondre
D’autres nepovirus affectant la vigne (ArMV, BLMoV, GBLV, GFLV, PRMV, TRSV et TBRV) peuvent causer des symptômes similaires à ToRSV, soit des retards de croissance au printemps, des marbrures ou déformations sur les feuilles et un dépérissement menant à d’importantes pertes de rendements (2). Ces virus n’ont toutefois pas été détectés dans la vigne au Québec jusqu’ici, à l’exception du virus de la mosaïque de l’arabette (Arabis mosaic virus, ArMV), qui a été détecté au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique lors d’une enquête nationale menée par l’ACIA en 1994 et 1995 (8).
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Cycle vital/épidémiologie
Étant indigènes, ToRSV et Xiphinema spp. peuvent être présents sur le site avant l’implantation du vignoble. Leur vaste gamme d’hôte leur permet de survivre plusieurs années sous diverses cultures ou en milieu naturel.
Ce virus peut également être facilement introduit au champ lors de la plantation de greffons ou des porte-greffes infectés, alors que les symptômes ne sont pas encore apparents. Il peut aussi être introduit par la dissémination de semences de mauvaises herbes infectées par le virus. Plusieurs plantes adventices sont des plantes hôtes du virus, dont le pissenlit, la stellaire moyenne, la petite oseille, le trèfle rouge et le plantain lancéolé. Les mauvaises herbes infectées peuvent participer à la dissémination du virus à travers leur semence infectée (2, 6).
Une fois le virus introduit dans le vignoble par les plants de vigne ou les mauvaises herbes infectées, les nématodes vecteurs du genre Xiphinema peuvent le propager le aux plants voisins. Ces nématodes ont six stades de développement : le stade d’œuf, quatre stades juvéniles (J1 à J4) et un stade adulte. Mis à part le stade d’œuf, tous les stades ont la forme d’un ver et sont mobiles. Au printemps, les jeunes nématodes migrent jusqu’aux racines des plantes hôtes et se nourrissent en piquant l’extrémité des racines des plants, principalement dans la zone de la coiffe. C’est de cette façon que les vers adultes et juvéniles acquièrent le virus, pouvant ensuite le transmettre durant plusieurs mois. Les populations diminuent lorsque le sol gèle ou que l’humidité du sol est trop élevée ou trop basse. Les espèces du genre Xiphinema complètent leur cycle vital en une année. La température optimale pour la reproduction se situe entre 20 et 24 °C (9).
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Méthodes de lutte
La gestion du virus dans le vignoble est difficile une fois le virus établi. Un ensemble de mesures préventives reste l’approche à privilégier pour éviter la maladie.
Avant l’implantation de nouveaux plants, on peut déceler la présence de nématodes phytopathogènes dans le sol. S’il y a présence de Xiphinema spp., il est possible de faire tester s’il y a présence du virus dans les nématodes en laboratoire et éviter de planter si le résultat est positif. Il est important d’utiliser du matériel de plantation certifié exempt de virus lors de l’établissement d’un nouveau vignoble ou lors des remplacements. Certaines variétés de vigne sont reconnues pour être résistantes au virus, dont tous les cultivars Vitis labrusca, les hybrides Aurore (Siebel 5279) et Vidal 256 ainsi que les porte-greffes suivants : 5B, 18-815, 41B Millardet et de Grasset, 44-53 Malengue, 110 Richter, 1616 C, Clinton, Sanona, Shakoka, V. riparia Gloire et V. rupestris St George (2).
Si le virus est présent au champ, il est important d’essayer de contrôler la progression en tentant de réduire l’inoculum. Lors de la préparation d’un site infecté, on recommande d’arracher les plants symptomatiques en s’assurant de détruire les grosses racines afin de réduire la population résiduelle de nématodes vecteurs qu’elles peuvent contenir. On peut aussi contrôler les mauvaises herbes qui sont des plantes réservoirs du virus (pissenlit, stellaire moyenne, petite oseille, trèfle rouge et plantain lancéolé). Les mesures efficaces de contrôle du principal vecteur (Xiphinema sp.) ne sont pas bien connues et les nématicides ne sont généralement pas efficaces puisqu’ils n’atteignent pas les nématodes présents dans les couches profondes du sol (2).
Dans les vignobles établis, les travaux dans les parcelles affectées devraient être réalisés en dernier et la machinerie et l’équipement nettoyés pour éviter l’introduction des nématodes ou du virus dans d’autres parcelles.
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Références et liens
(1) Rowhani, A., Daubert, S. D., Uyemoto, J. K., Al Rwahnih, M., and Fuchs, M. 2017.
American nepoviruses. Pages 109-126 in: Grapevine Viruses: Molecular Biology, Diagnostics and Management. B. Meng, G. Martelli, D. Golino, and M. Fuchs, eds. Springer, Cham, Switzerland.
(2) Wilcox et al. (Eds) (2015). North American Grapevine Nepoviruses. Dans
Compendium of Grape Diseases, Disorders, and Pests (Second Edition). APS Press. The American Phytopathological Society., St. Paul, Minnesota. P. 128-130.
(3) Réseau d’avertissements phytosanitaires - MAPAQ. (2021).
Vigne, Avertissement No 11, 8 juillet 2021. Agri-Réseau.
(4) OMAFRA -
Nématodes
(5) Verdière, B.
Les virus, une nouvelle menace pour les viticulteurs. La Terre de Chez Nous, 9 février 2018.
(6) Pearson R.C. & Goheen A.C. (Eds) (1988). Tomato Ringspot Virus Decline. Dans
Compendium of Grape Diseases. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 49-50
(7) Uyemoto, J. K. (1975).
A severe outbreak of virus-induced grapevine decline in cascade grapes in New York. Plant Disease Reporter 59, 98-101.
(8) MacKenzie, D. J., Johnson, R. C., & Warner, C. (1996).
Incidence of four important viral pathogens in Canadian vineyards.
Plant disease,
80(8), 955-958.
(9) CABI/EPPO.
Xiphinema americanum sensu lato. Dans : Data sheets on Quarantine Pests.
(10) OMAFRA.
Protocole d’échantillonnage du sol pour l’évaluation des populations de nématodes au champ.
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